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Du plastique à la roche!

Training

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L’escalade de bloc est apparue en France à Fontainebleau il y a environ 100 ans. À l’époque, cette discipline se pratiquait uniquement à l’extérieur. Des salles de bloc sont apparues tranquillement dans les sous-sols de quelques grimpeurs motivés parce qu’ils avaient le désir de garder la forme durant la saison morte ou pour s’entraîner spécifiquement dans l’espoir d’enchaîner un projet à l’extérieur. Sur ce, je vous suggère de visionner The real thing (1996) ↓. Aujourd’hui, les gyms de bloc et le sport ont beaucoup évolué, tellement qu’il est maintenant convenu d’entendre parler de l’escalade de bloc intérieure comme une discipline en soi. On a vu également apparaître les « gym rats » de l’escalade, une génération de grimpeurs qui pratique le sport uniquement en salle. Si vous grimpez déjà au gym et que vous êtes tentés de passer du plastique à la roche, voici quelques infos et conseils pour effectuer une transition tout en douceur. (Cet article de blogue peut aussi intéresser ceux qui ont déjà tâté le caillou!)

MATÉRIEL

ESSENTIEL : LE « CRASH PAD »

Au gym, on a besoin de deux choses : une paire de chaussons et un sac à pof. À l’extérieur, il faut en plus apporter les matelas sur lesquels on tombe, parce que oui, des fois, on tombe. Pliable et muni de deux bretelles pour le porter en sac à dos, le « crash pad » est un essentiel. Évidemment, c’est un investissement important, mais lorsque vous tomberez sur une grosse roche de type foule-toué-donc-la-cheville-su-moué, savamment recouverte d’une magnifique couche de mousse à double densité de type une-chance-que-j’étais-là-pour-toué, vous trouverez cet investissement disons… important. Il a aussi l’utilité de nous permettre de faire des siestes au soleil!

3 OBJETS MOINS ESSENTIELS QUI FONT PARTIE DE MON SAC À POF :

1) Brosse : Les gyms fournissent souvent des brosses à ceux qui sont à la recherche d’un extra d’adhérence. De plus, la plupart des gyms sont maintenant climatisés et les « conditions » (humidité et température) sont donc pas mal stables. Sans compter que quand les prises sont trop sales, on les nettoie. La réalité à l’extérieur est tout autre. Avoir une bonne brosse dans son sac à pof pour nettoyer les prises-clés peut vous aider à enchaîner votre projet du moment. Alors brossez ces prises qui vous donnent de la misère et brossez-les donc aussi en quittant pour les prochains bloqueux. Passez (un coup de brosse) au suivant! Ba-dum-tss

2) Tape : On grimpe sur de la roche, alors disons que ça pardonne moins pour la peau que grimper sur du plastique. Si c’est votre première fois dehors et que vous êtes de type tenace, gageons que c’est une blessure à la peau des doigts qui vous forcera à abdiquer (flapper, peau râpée au sang, split finger [petit trou en forme de sourire], coupure, etc). Le tape d’escalade ressemble un peu au tape à hockey. Il ne va pas améliorer votre adhérence à la roche, mais vous permettra de prolonger votre sortie. Pour une méthode de base de tapping de bout de doigt, cliquez ici.

3) Exerciseur à doigt (beigne bleu) : Au gym, on a vraiment beaucoup de choix pour s’échauffer. Plusieurs V0-V1, etc., on peut choisir les prises des problèmes qu’on grimpe en échauffement, on peut augmenter la difficulté progressivement, on a accès à des élastiques, à des poids, à des vélos stationnaires, etc. Dehors, les possibilités d’échauffement sont limitées, alors certains choisissent d’apporter des   « outils ». Un bon beigne bleu est efficace pour se réchauffer les doigts en marchant vers les blocs. Pour le reste des muscles de votre corps d’athlète, push ups, chin ups sur un jug, un élastique sur un arbre fait aussi l’affaire, soyez créatif. Au moins, pensez à vous échauffer. (Pour vous inspirer, cliquez ici.)

QUELQUES CONSEILS

1) Commencez par grimper les problèmes les plus « poffés » : Statistiquement, les problèmes les plus classiques (beaux) sont les plus poffés. De plus, vous aurez moins de difficulté à lire la roche les premières fois. Les prises de main et de pied sont parfois beaucoup plus nombreuses que nécessaire pour grimper le problème. Éliminez quelques-unes des possibilités en déduisant que les prises les plus poffées sont celles qui mèneront le plus probablement à une solution.

2) Gardez l’esprit ouvert : Surtout si vous grimpez du granit au Québec, le bloc extérieur pourrait vous donner l’impression d’avoir à apprendre un nouveau sport. Entendu dans un champ de blocs : « Cow lisse, je grimpe V8 au gym pis je suis pas capable de grimper ce V4 de marde-là! ». Les cotes vont donc peut-être vous sembler décalées (ou pas!). Pour vous aider à mieux apprécier le sport, voici quelques phrases hautement philosophiques à se rappeler si jamais un problème de bloc vous donne du fil à retordre :

  • Le problème sera encore là dans mille ans. Vous pouvez donc planifier une prochaine sortie et vous entraîner entre-temps sans avoir peur que Dieu fasse un « reset » de la région.
  • La roche veut vous apprendre quelque chose.
  • Peut-être qu’une prise a cassé et que le problème est maintenant plus difficile, ce qui vous donne la possibilité de faire un « re-first ascent ».
  • Prenez une grande inspiration et admirez le paysage! Sans blague, on ne fait pas de l’escalade extérieure juste pour se percher fièrement sur le dessus d’un gros caillou, sinon, on amènerait une échelle.

3) L’éthique et les tics : On observe très rarement des tic marks (traits faits avec de la magnésie) sur les murs ou les prises de gym. À l’inverse, dehors, les tics sur la roche sont monnaie courante. On pourrait penser que ces marques servent à donner la séquence aux idiots, mais, détrompez-vous, leur raison d’être est beaucoup plus pertinente. En effet, ces minutieuses traces blanches peuvent indiquer la position exacte que doit prendre votre index sur une prise, ou mettre en évidence un petit pied subtil sur un cristal invisible. D’autres fois, elles pointent l’endroit approximatif où vous devez attraper une prise qui se trouve hors de votre champ de vision. En gros, il y a une règle non écrite qui raconte qu’on peut les utiliser lorsque nécessaire, mais qu’il ne faut pas en abuser. Certains disent qu’il faut les faire disparaître après avoir fini de grimper pour laisser au prochain le plaisir de découvrir sa propre séquence, tandis que d’autres aimeraient mieux que tout le monde laisse ses tics sur la roche pour partager le savoir collectif et ainsi enchaîner plus rapidement. Bon… une chose est sûre, il n’y a pas de consensus.

4 ) Les règles, le respect et la politesse 101 : Quand vous grimpez au gym, vous devez respecter certaines règles qui sont parfois écrites sur un mur à l’entrée ou expliquées par le staff lors de votre initiation. Dans tous les cas, les règles à suivre sont clairement énoncées par une autorité. Dehors, il y a un peu plus de flou. Bien sûr, vous devez suivre les règles du propriétaire chez qui vous grimpez, comme payer l’accès, vous stationner à tel endroit, ramasser vos déchets, etc. Mais qu’en est-il des règles spécifiques à l’escalade extérieure? Il n’y en a pas… sauf le gros bon sens. Voici une liste de questions à vous poser qui vous feront soit rire, soit réfléchir:

  • Est-ce que j’ai salué les gens qui sont en train de grimper sur ce bloc?
  • Est-ce que j’ai demandé si je pouvais grimper ce problème avec eux?
  • Est-ce que je marche avec mes pieds sales sur leur pads?
  • Est-ce que je peux toucher avec mes mains suantes de crème solaire les prises que ce grimpeur vient de brosser pendant 2 minutes?
  • Est-ce que j’ai attendu mon tour avant de grimper?
  • Un morceau de tape à doigt ne se décompose-t-il pas mille fois plus lentement qu’un trognon de pomme?
  • Est-il possible que deux grimpeurs aient une façon différente d’apprécier l’escalade en plein air?
  • Pourquoi les gens sont tous partis vite après mon arrivée? Est-ce que ma musique est trop forte?

5) Placer-replacer-bouger les pads : Portez une attention particulière à l’endroit où vous placez vos crash pads avant de commencer à grimper.  Prévoyez l’endroit où vous avez le plus de chances de tomber. Ça paraît évident, mais les blessures arrivent souvent parce qu’on n’a pas pris le temps de réfléchir avant le premier essai. « Avoir su, on aurait mis le pad là ». Ensuite, même si on a bien placé les pads, on doit faire un deuxième effort parce que les pads ont tendance à se déplacer après une on plusieurs chutes. Jetez un coup d’œil avant votre essai et faites le nécessaire pour faire disparaître les espaces qui se sont créés entre les pads ou replacez le pad sur la roche de type foule-cheville. Finalement, lorsque vous manquez de pads et que le grimpeur progresse dans le problème en dehors de la zone de chute, ne vous gênez pas pour déplacer les pads durant sa grimpe. Faites-le vite et bien, car il peut arriver que le grimpeur vous tombe dessus pendant que vous déplacez les pads!

6) Le pied-fesse-dos : Au gym, on peut pratiquement tomber de n’importe où et de n’importe quelle façon sans courir un grand risque de blessure parce que l’atterrissage est quasi parfait. Dehors, c’est beaucoup moins que parfait. La technique du pied-fesse-dos qu’on nous apprend au gym est à proscrire. Essayez de toujours atterrir sur vos deux pieds si vous le pouvez. Il y a plusieurs exceptions qui s’appliquent et c’est pour ces exceptions que l’on utilise le spot.

7) Être ou ne pas être… spotté? : Au gym, vous n’avez pas vraiment besoin de vous faire spotter (parer). Si vous allez grimper dehors à deux, vous aurez probablement besoin à un moment ou un autre de vous spotter. La technique ne consiste pas seulement à placer vos bras dans les airs en attendant que l’autre tombe à vos pieds. Il ne s’agit pas non plus d’une occasion unique de toucher le postérieur de la femme ou l’homme de vos rêves. Il s’agit de diriger le grimpeur sur le pad en cas de chute imprévue ou de le retenir après sa chute pour ne pas qu’il continue son mouvement en dehors des pads. Pour faire un résumé, spotter consiste à pousser légèrement sur le grimpeur durant sa chute (et non à l’attraper au vol). Vous avez le choix de spotter ses hanches ou le haut de son corps dépendamment de la position et du mouvement du grimpeur ainsi que la partie du corps la plus vulnérable. Pour devenir un bon spotteur, il n’y a pas de formule magique, ça prend de l’expérience, car chaque situation est différente et on apprend par essai-erreur. Dites-vous que dans la majorité des cas, un spot est plus sécuritaire que pas de spot pantoute. En demander ou en offrir un, ça fait pas mal… Du moins, ça fait moins mal qu’une triple fracture à la cheville.

EN CONCLUSION : ET LA PRÉPARATION PHYSIQUE?

Et qu’en est-il de la préparation physique pour la roche? La réponse simple est qu’il est impossible de répondre en un paragraphe. La réponse plus nuancée est que, pour une première sortie, je pense que le grimpeur qui goûtera pour la première fois au bloc sur la roche devrait surtout porter attention à tout ce qui entoure ce merveilleux sport, du coyote que vous aurez croisé durant la marche d’approche à la bière que vous dégusterez en regardant le coucher de soleil, en passant par tous les bons moments entre amis. Ainsi peut-être votre « send », perché sur le gros caillou, prendra un autre sens. Je vous souhaite donc en terminant de tomber en amour avec cette idée lors de votre première sortie!

Texte: Olivier Turgeon

Crédit photo couverture: William Saint-Laurent

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